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Lettre de Liaison 140
14 juillet 2025
Brèves Au Retour
3 juin 2025 : Ce 3 juin 2025, Torsten Wiesel, Prix Nobel de Médecine, né en 1924 à Uppsala en Suède, est entré dans sa 102ème année. Chapeau, l’Artiste ! Torsten, neurobiologiste, est membre fondateur depuis 2004 de l’IPSO, Organisation Israélo-Palestinienne pour la Science. Dès la fin 2000, Torsten soutenait notre première campagne en Israël/Palestine, avec François Jacob, Jean-Marie Lehn, l’Irlandaise Mairead Maguire, l’Anglais Rich Roberts, le Dalaï Lama, les Américains Elias Corey, Roald Hoffmann, et une vingtaine d’autres lauréats.
La clef de voûte de cet Appel de Ramallah, Jérusalem, Nazareth, était une formule d’Einstein : « La paix ne peut être maintenue par la force, elle ne peut être atteinte que par la compréhension. »
En 2005, après l’évacuation par les Israéliens de la Bande de Gaza, et de quatre colonies problématiques en Cisjordanie, il était de nouveau à nos côtés, avec encore Mairead, Rich, Elias, Jody Williams, le Dr Shirin Ebadi, l’Argentin Perez Esquivel, et une soixantaine d’autres. L’Appel des Nobel Contre la Terreur, Pour le Sens Commun, ancré dans les pensées et l’action de Martin Luther King.
En 2008-2019, il est encore là, pour notre plus longue campagne, Ouvrez les Portes, avec encore le Dr Ebadi, Mairead, Jody, Elias, Jean-Marie Lehn, Albert Fert, Perez Esquivel, John Coetzee, et soixante-dix autres (ainsi que 648 membres du parlement européen). « Israël doit mettre fin au blocus de Gaza ».
Et en 2018, il fait partie des dix-huit signataires d’une lettre à la Vice-Présidente de l’Union Européenne, avec de nouveaux soutiens : Jean-Pierre Sauvage, les Moser (de Norvège)…
Il s’agit de pousser l’Union Européenne à honorer ses engagements à la frontière entre Gaza et l’Egypte : encore, de desserrer le double étau (israélien et égyptien) sur la population de Gaza. En effet, depuis la fin 2005 les agents de l’Union Européenne en poste à Rafah ont permis le passage de près d’un demi-million de personnes (1.500 par jour), jusqu’en juin 2007. Ils ont repris brièvement leurs fonctions début 2025, jusqu’à la rupture du cessez-le-feu par Israël en mars. Depuis, comme en 2018 : silence radio de la dite Union.
Et nous voici en 2025. Torsten, peu avant son 101ème anniversaire, nous rejoint encore, et nous envoie son « plein soutien », avec quarante autres lauréats. Pour exiger la fin des opérations militaires à Gaza, et l’arrêt de la guerre avec l’Iran. D’où cet hommage, ici, qui lui est rendu. A une époque, c’était Elie Wiesel qui nous apportait son concours, pour la Bosnie, l’Algérie. Depuis l’an 2000, c’est Torsten.
Aurons-nous la force et la sagesse de parvenir à durer un siècle, vous et moi ?
Vous ne connaissiez pas Torsten Wiesel. Evidemment, les mass media ont d’autres sujets…
14 juin : Depuis la nuit du 12 au 13, le vaste Iran est bombardé par une flotte israélienne de F35 et F15 américains (Lockheed, 1ère société d’armements mondiale, Boeing 4ème), qui ne rencontre aucune résistance aérienne, aucune « DCA ». Mais les Iraniens ont leurs missiles, comme on avait vu en avril et octobre 2024, qui tombent un peu partout en Israël. Le pays est bouclé : l’aéroport est vide, tous les vols annulés durant deux semaines, tous les avions évacués. Les écoles, les synagogues sont fermées. Cela augure mal, très mal.
22 juin : Les Américains entrent dans la danse infernale, avec leurs super-bombardiers B2 (Northrop, 3ème société de ventes d’armes au monde) et leurs super-bombes GBU de treize tonnes, fabriquées conjointement par Northrop et Boeing (4ème marchand d’armes au monde). Le coût d’une de ces bombes ? Près d’un demi-milliard de dollars.
Le coût d’un bombardier B2 ? Trois milliards de dollars.
La nuit du 22 juin, Washington a envoyé sept de ces B2, équipés de deux bombes chacun. Sauf erreur, Northrop et Boeing se sont partagé près de 7 milliards de dollars en quelques heures cette nuit-là. Le « casse du siècle » à Buenos Aires, en 2006, n’avait rapporté que quinze millions de dollars à ses auteurs. Silence, on compte. On cherche à comprendre…
24 juin : L’arbitre-joueur américain siffle la fin du match, après que les Iraniens aient infligé des pertes sans précédent aux Israéliens, et envoyé leurs missiles sur la plus grande base militaire américaine au Moyen-Orient.
Encore une guerre pour rien ? Relire Orwell, 1984. « Dans une combinaison ou une autre, ces trois super-états sont en guerre permanente, et l’ont été tout ce dernier quart de siècle.[…] C’est une guerre d’objectifs limités entre combattants qui sont incapables de se détruire […] et qui ne sont pas divisés par une véritable différence idéologique. »
Précisons ce que Orwell ne disait pas : les super-états ont un intérêt matériel à la guerre.
14 juillet : « Le jour du 14 juillet, je reste dans mon lit douillet, la musique qui marche au pas, cela ne me regarde pas
Je ne fais pourtant de tort à personne, en n’écoutant pas le clairon qui sonne
Mais les brav’s gens n’aiment pas que l’on suive une autre route qu’eux » Georges Brassens
15 juillet : On nous demande souvent (journalistes, curieux) ce que nous faisons au juste au Proche-Orient. La réponse est simple, vérifiable, sur trois niveaux :
- D’abord, trouver ce qui n’est pas dans les media. Pour comprendre vraiment ce qui se passe, et le partager. Comprendre pour partager. Un philosophe hollandais banni par sa communauté, Spinoza, disait : « La plus haute activité qu’un être humain puisse atteindre c’est apprendre pour comprendre, parce que comprendre c’est être libre. » Un exemple de ce travail d’enquête sur le terrain : l’incendie par un commando israélien de la principale mosquée de Naplouse, dont les media n’ont rien dit, en mars dernier, dont nous avons rendu compte dans ces Lettres de Liaison.
Se donner les moyens : nous tenons à jour un site, peacelines.org, qui est consulté quotidiennement, pas seulement depuis la France et les Etats-Unis, mais depuis la Chine, le Japon, l’Irlande, le Royaume Uni, l’Allemagne, la Hollande, la Pologne, l’Argentine, Israël, la Palestine…- Nous avons rouvert notre compte Facebook : www.facebook.com/PeaceLines
- notre compte X (ex-Twitter) @peacelines
- et ouvert un compte Instagram : instagram.com/messageriesdelapaix
- A vous d’y aller voir, de le faire savoir, partager.
- Solidaires de ceux qui traversent les pires épreuves, nous les rejoignons là où ils sont, à Nir Oz, le kibboutz de l’enveloppe de Gaza le plus atteint par l’attaque palestinienne du 7 octobre 2023 (le quart de ses habitants massacré ou kidnappé) ; à Gaza, où avons envoyé 1340€ en 2024, pris sur le budget des Messageries – à la famille d’un professeur d’université privé comme les autres de salaire depuis deux ans. (En 2025, par manque de fonds, ce sont des dons personnels qui ont été faits).
A Naplouse, dans les Territoires palestiniens occupés, nous avons acheté un frigidaire Beko de 286 litres, pour une famille de Balata dont le réfrigérateur avait été mitraillé lors d’un raid de soldats, en février dernier.
On se souviendra que le fils cadet de cette famille, lors de ce raid, a été exécuté à bout portant dans sa chambre, au matin. A la suite de quoi, ils ont emporté le corps.
Pour une autre famille de Naplouse, nous avons acheté six chaises. Ils ont enfin pu prendre un premier repas tous ensemble, dans leur petite cuisine.
Ce sont, dans ces trois cas, des familles que nous connaissons depuis une quinzaine d’années, qui nous ont toujours donné une chaleureuse hospitalité. - Comme nous ne pouvons envisager de soutenir indéfiniment à ce niveau-là, le but premier est d’agir sur les causes de ces catastrophes. Depuis trois mois nous travaillons à une campagne de Prix Nobel pour que cesse la guerre. A Gaza, comme en Iran. Ils sont 41 signataires, à la mi-juillet – dont sept Français : les professeurs Jean-Marie Lehn, Jean-Pierre Sauvage, Jules Hoffmann, Albert Fert, Alain Aspect, Anne L’Huillier, Serge Haroche, et huit Nobel de Paix : Oscar Arias Sanchez (ex-président du Costa-Rica), le Dr Shirin Ebadi (d’Iran), Tawakkol Karman (du Yémen), l’Irlandaise Mairead Maguire, l’Argentin Adolfo Perez Esquivel, l’Irakien Hussein Al-Shahristani (président de Pugwash – cf le Manifeste Einstein-Russell), l’Indien Kailash Satyarthi, l’Américaine Jody Williams (Ban the Mines).
C’est une campagne « à bas bruit » – c’est-à-dire qu’elle circule, continûment, tant parmi les scientifiques de tous pays que parmi les responsables politiques, en attendant qu’elle soit médiatisée, ce qui dépend des agences de presse nationales, donc des gouvernements… Or il y a blocage depuis mai, en Israël comme en France, aux Etats-Unis, en Angleterre. Et les Allemands restent sur la touche.
Nous sommes, à la mi-juillet, à la croisée des chemins, dans un paysage politique particulièrement enfumé, de tous côtés. Objectivement, le calvaire des Palestiniens est de plus en plus connu mondialement, et provoque une montée de haine anti-juive, d’Australie en Grèce, des pays scandinaves aux Etats-Unis. Objectivement encore, Israël-nation est à bout de souffle humainement et militairement. L’Union Européenne est aux abonnés absents, tout occupée à la gestion de ses profits en Ukraine (pratiquement 30% des ventes d’armes mondiales – en tête la France, numéro deux mondial, suivie par l’Allemagne, l’Italie, le Royaume Uni, l’Espagne, la Hollande, la Pologne, la Suède).
Source SIPRI : https://www.sipri.org/sites/default/files/2025-03/fs_2503_at_2024_0.pdf
Le bloc Russie-Chine (moins de 14% des ventes d’armes au monde) réduit la voilure, enlisés dans le piège de l’Ukraine. Les trois-quarts des Israéliens ne veulent plus de cette guerre à Gaza, même leurs media le disent. Ce sont autant de conditions objectives qui peuvent permettre un arrêt des opérations militaires à court terme.
Pour finir ce bref tour d’horizon de notre Bassin Méditerranéen et contexte, il y a eu cinq voyages en Israël/Palestine depuis février 2024. Si vous pensez que c’est utile, ou méritoire, donnez-nous de quoi financer le suivant. Le moindre chèque, billet amicaux…
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